Textes
Les broderies de Julie Barbeau se libèrent d’un usage artisanal et traditionnel. Ses oeuvres sont une invitation à la contemplation et à l’introspection. Le spectateur est d’abord ému par les mouvements imprévisibles qui courent sur la toile avant de s’intéresser à la construction de l’oeuvre et aux détails méticuleux propres à la broderie. Chaque point est préalablement dessiné puis méticuleusement placé sur une trame avant de naître sous son crochet de Lunéville.
La rigueur des compositions graphiques et des cadrages photographiques s’évanouit sous la lumière. Les paillettes dansent et s’animent grâce aux mouvements du regardeur et aux jeux de lumière. La visite de l’exposition En une minute naissent sous mes doigts quatorze points de lumière se construit comme un va-et-vient entre l’expérience hypnotique de la lumière et l’observation de la technique artisanale.
D’abord attirés par l’impalpable, nous sommes fascinés par des brillances, par des reflets, par une lumière qui captive notre regard. Nous entrons alors dans une analyse plus réfléchie. En promenant notre oeil et en évoluant dans l’espace, nous découvrons des détails permettant la compréhension de l’oeuvre. Nous nous approprions les fondements techniques de sa mise en oeuvre. Nous y décelons les rythmes entêtants, les vibrations optiques, les infinies mises en abîme. Une oeuvre en entraîne généralement une autre. Comme liées, augmentées, détaillées, chaque oeuvre est le prolongement d’une recherche précédente. Un cadrage, ou une vision macroscopique de celle-ci, pour chaque fois plonger davantage dans son analyse structurelle. Sans fin, jusqu’à l’abstraction.
Textes rédigés par Marion Bonraisin dans le cadre de l’exposition : “En une minute naissent sous mes doigts quatorze points de lumière.”