L’héritage d’un savoir faire

Conformément à ces gestes et guidée par l’héritage traditionnel de la broderie que je m’applique à transmettre, j’imagine mes collections en m’appuyant sur ces techniques, aujourd’hui majoritairement employées dans le luxe et la haute-couture.

© Alice Emeriau

Transmettre un patrimoine en (r)éveillant les émotions

Avouons-le, le terme de broderie subit très souvent des connotations esthétiques bien marquées et régulièrement associées à une autre époque. Ceci est en partie dû à une méconnaissance des savoir-faire, mais aussi à la vocation d’ornement qui lui est habituellement réservée. En dehors de l’usage classique qu’on lui réserve souvent, visant à décorer des objets du quotidien, je cherche pour ma part à parler de la broderie comme vecteur d’émotions. Mes oeuvres sont purement contemplatives et contribuent à éveiller nos sens, nos émotions. Selon moi, c’est à travers cette appropriation contemporaine et sensorielle que la transmission de cet artisanat d’art pourra s’opérer, sans transiger sur l’excellence des gestes qui font son essence. 

© Alice Emeriau

© Alice Emeriau

Une fabrication 100% française et artisanale

Installée dans le village de Trentemoult à Rezé, à deux pas de Nantes, je brode moi-même chacune de mes œuvres. Je travaille exclusivement à la main et principalement au crochet de Lunéville, une technique largement employée dans les ateliers de haute-couture pour lesquels j’ai initialement été formée. J’aime parallèlement interroger l’ensemble des techniques traditionnelles de broderie. Broderie au fil, paillettes, cannetille, lamés et points comptés enrichissent mes productions. 

Des matières premières jusqu’à l’encadrement, je veille à sélectionner en priorité des partenaires locaux, répondant à des critères éthiques et durables. Ainsi, mes tissus proviennent d’ateliers de tissage français, mes paillettes sont fabriquées selon une technique ancestrale en Normandie et mes encadrements naissent à quelques kilomètres de mon atelier. 

© Alice Emeriau

© Alice Emeriau

La broderie : un heureux hasard

Curieusement, rien ne semblait me prédestiner à faire de la broderie mon métier. Après 3 années d’études dans le design et les arts appliqués, je rêve de concevoir et de réaliser des costumes de scène. Je postule dans les écoles françaises qui forment à ce métier, mais aucune ne retient ma candidature. Dans l’attente de retenter ma chance l’année suivante, j’intègre un peu par hasard, une formation de broderie en région parisienne. Heureux signe du destin peut-être, je tombe en amour pour ce savoir-faire, pour les gestes et pour l’excellence de ce métier. Je découvre progressivement le quotidien des ateliers de haute-couture où j’effectue stages et missions ponctuelles.

La broderie devient alors le médium par lequel j’exprime le mieux ma créativité. Je poursuis mon apprentissage technique en me spécialisant en broderie or, lors de deux années d’étude à Rochefort. Ce sont là qu’émergent mes premières recherches sensorielles et immersives, vouées à faire vivre la broderie dans l’espace. Parfois, des procédés photographiques enrichissent mes recherches. Je me forme un an à la photographie et je m’appuie encore aujourd’hui, sur ce double-savoir faire.

Je dessine mes premières collections en 2019 et mon atelier éponyme naît progressivement suite à ces oeuvres nouvelles. L’aventure est lancée !